- Culpabilité et allaitementFeuillet n°26
Culpabilité et allaitement
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- Un des arguments les plus puissants utilisés
par de nombreux professionnels de santé,
agences gouvernementales et fabricants de lait artificiel
afin de ne pas promouvoir et soutenir l'allaitement
maternel, c'est : " nous ne devons pas culpabiliser
la mère qui n'allaite pas ". Même
certains des fervents défenseurs de l'allaitement
sont désarmés par ce stratagème
qui veut " que les mères ne se sentent
pas coupables ".
- Parce qu'en fait, ce n'est rien d'autre qu'un
stratagème. C'est un argument qui détourne
l'attention d'un manque de connaissance et de compréhension
de la plupart des professionnels de la santé
à propos de l'allaitement. Cela les autorise
à ne pas se sentir coupables de leur ignorance
sur l'aide à apporter aux femmes pour surmonter
les difficultés durant l'allaitement, qui
auraient pu être maîtrisées et
qui généralement auraient même
pu être prévenues si on ne sapait pas
les tentatives d'allaitement des mères. Cet
argument permet aux fabricants d'aliments artificiels
et aux professionnels de la santé de faire
circuler de la documentation sur les préparations
pour nourrissons ainsi que des échantillons
aux femmes enceintes et aux jeunes mères
sans le moindre scrupule, bien qu'il soit prouvé
que cette littérature et ces échantillons
diminuent le taux et la durée de l'allaitement.
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- Jetons un coup d'oeil à la réalité.
Si une femme enceinte va trouver son médecin
et reconnait fumer un paquet de cigarettes par jour,
n'y-a-t-il pas de fortes chances qu'elle ressorte
du cabinet en se sentant coupable de mettre ainsi
en péril la santé de son bébé?
Si elle avoue boire quelques bières de temps
en temps, n'y-a-t-il pas de fortes chances qu'elle
quitte le cabinet en se sentant coupable? Si une
mère reconnaît dormir dans le même
lit que son bébé, la plupart des praticiens
ne vont-ils pas la culpabiliser pour cela bien que
ce soit la meilleure chose pour elle et son enfant?
Si elle se rend au cabinet médical avec son
nouveau-né âgé d'une semaine
et qu'elle dit au médecin le nourrir avec
du lait homogénéisé à
3 %, quelle sera la réaction du médecin?
La plupart s'effondreraient littéralement
et feraient une crise. Et ils n'auront alors aucun
problème à ce que les mères
se sentent coupable de nourrir leur bébé
avec du lait de vache et là, ils feront pression
pour qu'elle donne un substitut de lait maternel
au bébé (notez bien: pas de pression
pour qu'elle allaite parce que " vous ne voudriez
pas faire en sorte qu'une femme se sente coupable
de ne pas allaiter ").
- Pourquoi autant d'indulgence pour les substituts?
La raison, bien sûr, c'est que les industries
alimentaires infantiles ont tout à fait réussi
à convaincre une bonne partie de l'humanité,
grâce à la publicité, que ces
substituts sont pratiquement aussi bons que le lait
maternel et que, par conséquent, il n'est
pas nécessaire de faire toute une histoire
à propos du non-allaitement des femmes. Comme
l'a dit ici, à Toronto, le vice-président
de Nestlé : " sans aucun doute, la publicité
est efficace ". Ces messages apaisent aussi
la conscience de beaucoup de professionnels de la
santé dont les enfants n'ont pas été
allaités. " Je ne vais pas culpabiliser
les femmes de ne pas allaiter parce que je n'ai
pas envie de me sentir coupable envers mes enfants
qui n'ont pas été allaités
".
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- Examinons tout cela de plus près. Les substituts
de lait maternel sont théoriquement certainement
plus appropriés aux nourrissons que le lait
de vache. Mais en fait, aucune étude ne démontre
la moindre différence entre les bébés
nourris au lait de vache et ceux nourris à
l'aide de ces préparations. Pas une. Le lait
maternel, et l'allaitement au sein, à distinguer
de l'alimentation au lait maternel, a beaucoup plus
d'avantages théoriques par rapport aux substituts
que ceux-ci par rapport au lait de vache (ou tout
autre lait animal). Et nous commençons tout
juste à connaître ces avantages. Pratiquement
chaque jour, de nouvelles études nous en
révèlent. Mais il existe également
d'abondantes données cliniques démontrant
que, même dans les sociétés
industrialisées, les bébés
allaités, et incidemment leurs mères,
sont en meilleure santé que les bébés
nourris artificiellement. Ils ont bien moins d'otites,
de maladies gastro-intestinales ainsi que moins
de risques de développer un diabète
infantile et beaucoup d'autres maladies. Les mères
ont moins de risques de développer un cancer
du sein ou des ovaires et sont très probablement
protégées contre l'ostéoporose.
Et ce ne sont là que quelques exemples.
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- Alors, comment devrions-nous aborder le soutien
à l'allaitement? Toutes les femmes enceintes
et leurs familles doivent connaître les risques
de l'alimentation artificielle. Toutes devraient
être encouragées à allaiter
et toutes devraient recevoir le meilleur soutien
possible afin de démarrer correctement l'allaitement
dès la naissance du le bébé.
En effet, les meilleures intentions du monde ne
pourront rien pour une mère qui souffre de
douloureuses crevasses aux mamelons à cause
d'un bébé mal positionné au
sein. Ni pour une mère à qui on a
dit, pratiquement toujours à tort, d'arrêter
l'allaitement à cause d'un traitement médicamenteux
ou d'une maladie chez elle ou son bébé.
Ni pour une mère dont la mise en route de
l'allaitement ne se fait pas correctement à
cause de mauvaises informations. Ne vous faites
pas d'illusions là-dessus: c'est souvent
l'avis des professionnels de la santé qui
est principalement en cause dans l'échec
de l'allaitement d'une mère! Si les mères
reçoivent de l'information à propos
des risques inhérents à l'alimentation
artificielle et décident tout de même
de recourir aux substituts de lait maternel, elles
feront alors un choix en toute connaissance de cause.
Cette information ne doit pas venir des fabricants
de préparations pour nourrissons eux-mêmes,
comme c'est souvent le cas. Leurs dépliants
présentent quelques avantages de l'allaitement
pour ensuite laisser entendre que les préparations
sont en fait pratiquement aussi bonnes. Si les mères
reçoivent la meilleure aide possible pour
allaiter et trouvent que l'allaitement ne leur convient
pas, je ne leur en ferai pas le reproche. C'est
important de savoir qu'une femme peut passer facilement
de l'allaitement au biberon. Dans les premiers jours
ou les premières semaines, cela ne pose pas
de gros problèmes. Mais l'inverse n'est pas
vrai. C'est la plupart du temps très difficile,
voire impossible (bien que pas toujours).
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- Finalement, qui se sent coupable à propos
de l'allaitement? Pas les femmes qui ont fait un
choix éclairé avant d'opter pour le
biberon. Ce sont plutôt celles qui auraient
voulu allaiter, qui ont essayé, mais qui
ont échoué. En fait, pour prévenir
la culpabilisation des femmes n'ayant pu allaiter,
il ne s'agit pas d'éviter de promouvoir l'allaitement;
il faut en faire la promotion, mais conjuguée
à un soutien de qualité alliant connaissances
et savoir-faire. Ce n'est pas ce qui se passe dans
la plupart des pays nord-américains ou européens.
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- Questions? (416) 813-5757 (option 3) ou newman@globalserve.net
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- Traduction de " Guilt and breastfeeding ",
août 1997.
- Dr Jack Newman, Pédiatre, Responsable d'une
consultation de lactation
- Toronto - Canada
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- Dr Jack Newman, MD, FRCPC
- Pédiatre - Responsable d'une consultation
de lactation - Toronto, Canada
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et diffusé sans autre permission.
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NOTE DE L'ADJ+: on parle de la culpabilisation des
femmes qui n'allaitent pas et cela bloque la promotion
de l'allaitement maternel en France; or dans de nombreux
pays où les taux d'allaitement voisinnent les
98% à la naissance, la situation était
la même il y a 30 ans; ils ont choisi d'accepter
l'erreur de la médiatisation du lait infantile,
et surtout, ils se sont tournés vers la santé
des bébés à naître, et des
mamans lactantes, puisque la prévalence de certaines
pathologies diminuent grâce à l'allaitement
maternel; enfin, on parle de la culpabilisation des
femmes qui n'ont pas allaité, mais qu'est-ce
que les femmes lactantes subissent.... |