Feuillets Jack Newman
Toxines et allaitement

Version française 2009 - - version anglaise 2009 ici en bas
Les toxines et l’alimentation du bébé
La question des toxines dans le lait maternel est examinée dans ce feuillet informatif parce que ce sujet refait surface régulièrement dans les média. Il cause bien des craintes chez plusieurs femmes enceintes face à l’allaitement et plusieurs mères allaitantes décident d’arrêter d’allaiter quand ce sujet est traité dans les média. Les journalistes ne semblent pas savoir comment traiter cette question de toxines. Certains pourraient avoir une arrière-pensée comme : « mon bébé n’a pas été allaité et il va bien » et pourraient ainsi avoir une façon d’attaquer des défenseurs de l’allaitement en justifiant leur « choix d’alimentation pour leur bébé » ce qui n’est pas très professionnel. D’autres essaient simplement de répandre la nouvelle souvent sans bien comprendre le sujet. Par exemple, ils ne comprennent pas qu’en parlant des toxines retrouvées dans le lait maternel et en considérant les formules comme étant un choix comparable, ils attaquent l’allaitement maternel.
Pourquoi tant d’études examinent-elles les toxines dans le lait maternel ? On a l’impression d’être pris de panique devant l’état du lait maternel dans notre monde moderne tellement pollué que chacun essaie de l’étudier. Mais la raison pour laquelle le lait maternel est si souvent étudié est qu’il est facile d’accès et qu’il est un échantillon de fluide organique facile à prélever. Voilà la raison et non pas que les scientifiques soient particulièrement inquiets au sujet du lait maternel. Nous devrions être inquiets de tous nos fluides organiques étant donné le niveau de pollution que nous avons créé dans le monde.
Les formules sont-elles presque pareilles au lait maternel ?
Nous devons nous poser la question si nous voulons essayer de comprendre le problème des toxines dans le lait maternel. La réponse est non. Les formules ne sont pas presque pareilles au lait maternel et de loin. À quelques années d’intervalle, les fabricants ajoutent à leurs formules quelque chose que nous savions être dans la composition du lait maternel depuis des années mais qui était alors jugé sans importance par les manufacturiers. Qu’il y ait quelque chose d’ajouté ne signifie pas que la formule « nouvelle et améliorée » est tout comme le lait maternel. Dans certains cas, la formule est améliorée mais souvenez-vous qu’ils nous disaient aussi de la formule précédente qu’elle était presque comme le lait maternel. Il y a amélioration, par exemple, avec les acides gras polyinsaturés à longue chaine (DHA et ARA) qui sont censés rendre votre bébé plus intelligent. Un fabricant appelle même sa formule A+, mais elle ne mérite qu’un C- tout au plus. Nous connaissons depuis plusieurs années l’importance de ces gras mais pendant longtemps, avant de les ajouter à leurs formules, bien entendu, les fabricants et même certains professionnels de la santé continuaient de dire que cela n’avait pas d’importance et qu’il n’y avait aucune preuve que ces gras aient de la valeur (cela se retrouve encore dans les déclarations de la Société canadienne de pédiatrie de 1995 au sujet des besoins nutritifs des prématurés). Ce cycle de : « notre lait est tout à fait comme le lait maternel » suivi de « nous avons maintenant ajouté x à notre lait qui est encore plus semblable au lait maternel » dure depuis le 19è siècle.
La vérité est que :
- Le fait d’ajouter quelque chose à la formule, même si les quantités sont les mêmes que dans le lait maternel ne veut pas dire que le bébé recevra la quantité dont il a besoin ou recevra la bonne sorte de ce quelque chose qui est ajouté dont il a besoin. L’exemple du fer nous aidera à saisir cela. Le lait maternel contient suffisamment de fer pour suffire aux besoins du bébé pendant au moins les six premiers mois. Il a déjà accumulé des réserves de fer durant la grossesse. Pour maintenir adéquatement le niveau de fer chez un bébé nourri aux formules, celles-ci doivent contenir au moins six fois plus de fer que le lait maternel, simplement parce que le fer des formules n’est pas aussi bien absorbé dans l’intestin du bébé que le fer dans le lait maternel.
- Il y a encore une centaine de composants du lait maternel qui ne sont pas encore ajoutés aux formules.
- Les composants du lait maternel varient du matin au soir, de jour en jour, du début de la tétée à la fin, du premier jour au jour 4 au jour 100…donc il n’y a aucune façon de connaître précisément ce que le lait maternel contient réellement. Cela signifie qu’il est impossible de reproduire le lait maternel car le lait maternel standard n’existe pas. En fait, puisque chaque femme produit un lait quelque peu différent, la notion de lait maternel standard devient insensée. Le lait maternel est un fluide vivant et dynamique. Les formules sont des soupes chimiques.
Donc, que signifie tout cela ?
Cela veut dire que nous devrions considérer comme médicaments les formules qui sont, à bien y penser, exactement cela. Elles remplacent le lait maternel qui est un fluide normal. Les formules ne sont que superficiellement semblables à ce qu’elles remplacent. Elles peuvent causer des effets secondaires à court, moyen et long terme et, certains, assez importants et irréversibles. Les formules peuvent être parfois nécessaires tout comme les médicaments. Dans des cas rares, elles sauvent des vies, comme le font les médicaments.
Mon professeur de pharmacologie à la faculté de médecine disait qu’un médicament est un poison ou une toxine qui a des effets bénéfiques. Cette déclaration contient beaucoup de sagesse. Alors, lorsqu’une mère décide de donner du lait artificiel (formule) à son bébé au lieu de l’allaiter, elle n’élimine pas le problème de toxines.
En fait, il est surprenant de constater notre indulgence envers les formules. Dans les articles que j’ai lus et dans les programmes à la télévision qui rapportent la présence de toxines dans le lait maternel, l’existence de toxines dans les formules n’est pas mentionnée. Pourquoi, alors que tout est pollué sur la terre, les formules en seraient-elles exemptes ? Les formules contiennent des métaux lourds y compris le plomb, par exemple, en quantités beaucoup plus élevées que dans le lait maternel. Et pourquoi les pesticides seraient-ils absents des formules quand les vaches broutent l’herbe dans les champs qui en ont été arrosés ? Et les fèves de soya poussent aussi dans ces champs. Il est intéressant de noter que nous ne retrouvons pas de nouvelles sur ce sujet dans les média.
Mais les toxines sont nocives, n’est-ce pas ?
Oui, elles le sont et le lait maternel aide à minimiser ces effets nocifs. Voici quelques faits :
- Les toxines augmentent le risque de développer certains cancers. Vrai. Il a été prouvé que les bébés allaités ont un moindre risque de développer certains cancers que les bébés nourris artificiellement.
- Les toxines peuvent altérer les fonctions neurologiques et l’apprentissage. Vrai. Il a été prouvé que les enfants qui ont été allaités réussissent mieux les tests neurologiques et cognitifs que ceux qui ont été nourris aux formules, et plus longue la durée de l’allaitement, meilleurs les résultats.
- Les toxines peuvent affaiblir le système immunitaire. Vrai. Il a été prouvé que les bébés qui ont été allaités ont un système immunitaire meilleur et plus mature que celui de ceux nourris artificiellement. Cette immunité se poursuit au-delà de la durée de l’allaitement.
Que faire ?
En allaitant votre bébé, vous lui donnez ce qu’il y a de mieux et vous faites ce qu’il y a de mieux pour l’environnement. Nourrir avec des formules contribue à la pollution de l’environnement. La présence de polluants dans le lait maternel peut-être comparé à la situation du canari dans les mines de charbon. Nous devrions être préoccupés de l’état de notre planète, mais ceci ne devrait pas nous pousser à encourager les mères à nourrir leur bébé artificiellement.
Questions ? Allez d’abord, aux sites www.nbci.ca ou www.drjacknewman.com. Si vous n’y trouvez pas les renseignements qu’il vous faut, cherchez Contact Us, envoyez-nous un courriel avec les données demandées. Vous pouvez aussi trouver des renseignements dans le livre L’Allaitement : Comprendre et Réussir avec le Dr. Jack Newman (disponible aussi en anglais) ou le DVD du même titre (qui peut être visionné, sur le même DVD en anglais ou avec sous titres espagnols, portugais et italiens), ou The Latch Book and Other Keys to Breastfeeding Success (disponible seulement en anglais).
Pour obtenir un rendez-vous à notre clinique, s’il vous plaît visitez www.nbci.ca, imprimez et lisez la réponse automatique que vous recevrez. S’il vous est difficile d’envoyer un courriel, téléphonez au (416) 498-0002.
Feuillet d’information Les toxines et l’alimentation du bébé 2009©
La version originale en anglais « Toxins and Infant Feeding » révisé en 2009 par Jack Newman et Édith Kernerman
Peut être copié et diffusé sans autre autorisation, à condition qu’il ne soit utilisé dans aucun contexte où le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel de l’OMS est violé.
Version anglaise 2009
The question of toxins in breastmilk is being addressed in a patient information sheet because the issue comes up every few months in the media, as regular as clockwork. It frightens many pregnant women out of breastfeeding their babies and many women who are already breastfeeding into stopping. Journalists do not seem to know how to handle this question very well. Some may have an ulterior motive (“my baby wasn’t breastfed and he’s okay”) thus finding a way of getting back at breastfeeding advocates and justifying their “choice of infant feeding”. It is, of course, unprofessional to do this, but that doesn’t stop them. Others are merely trying to get out the news but often without understanding what they are doing. They don’t understand, for example, that by talking about toxins in breastmilk and considering formula as an almost as good alternative, they are striking a blow against breastfeeding.
Why are there all these studies that look at toxins in breastmilk? One gets the impression that there is panic about the state of breastmilk in the modern world, that it is so polluted that everyone is trying to study it. But the reason that breastmilk is being studied so often is that it is easily available, and gives us an easily obtained sample of human fluid. That’s the reason, not because scientists are worried about breastmilk in particular. We need to be worried about all our bodily fluids given the levels of pollution we have created in the world.
IS FORMULA ALMOST THE SAME AS BREASTMILK?
This question needs to be considered in trying to understand the issue of toxins in breastmilk and the answer is no, formula is not almost like breastmilk, not by a long shot. Just because every few years the formula manufacturers add something to their formulas that we knew was in breastmilk for years but the manufacturers denied were of any importance, doesn’t mean that the “new and improved” formula is just like breastmilk. In some cases, the formula is improved, but remember, they were telling us that the formula before the “new and improved” version was also “almost like breastmilk”. This is true, for example, of the long chained polyunsaturated fatty acids (DHA and AA) that are supposed to make your baby smarter (one company even calls their formula A+, but it deserves a C- at best). We’ve known how important these fats are for many years, but for many years (before they were added to formula, of course), the manufacturers, echoed by many health professionals, just kept saying that it didn’t matter, and that there was no proof that these fats were of any importance at all (this is still in the Canadian Paediatric Society’s 1995 statement on the nutrient needs of premature babies). This cycle of “our milk is just like breastmilk” followed by “we have now added x to our milk so that it is even more like breastmilk” has been going on since the 19th century.
THE TRUTH OF THE MATTER IS THIS:
- Just adding something to formula, even if it is in the same amounts as in breastmilk, does not mean that the baby will get the amount he needs or the best sort of this something that he needs. The example of iron helps us understand this. Breastmilk contains enough iron (with the stores the baby has during pregnancy), to keep the baby iron sufficient for at least 6 months. To maintain iron sufficiency in formula fed babies, formula needs to contain at least 6 times more iron than breastmilk, just because iron does not get absorbed from the baby’s gut as well from formula as it does from breastmilk.
- There are still hundreds of components of breastmilk that are still not added to formulas.
- Breastmilk varies in what it contains, from morning to evening, from day to day, from beginning of the feeding to the end, from day 1 to day 4 to day 10 to day 100, so there is no way we can know what breastmilk really contains. This means that there is no way to duplicate breastmilk because there is no such thing as a standard breastmilk. In fact, since every woman produces somewhat different breastmilk, the notion of a standard breastmilk becomes an absurdity. Breastmilk is a living, dynamic fluid. Formula is a chemical soup.
SO WHAT DOES THIS MEAN?
This means that we should consider formula a drug, which, if one thinks about it, is exactly what it is. It replaces a normal fluid (breastmilk). It is only very superficially like that fluid it replaces. There are known side effects of formula, in the short term, medium term and long term, some quite serious and irreversible. Formula may occasionally be necessary, but so are drugs. In rare cases, formula can be lifesaving, but so can some other drugs.
A drug is, as my pharmacology professor said to us in medical school, a poison or toxin with beneficial side effects. There is much wisdom in that statement. So when a mother decides to feed her baby artificial milk instead of breastfeeding, she is not avoiding the problem of giving toxins to her baby.
In fact, it is amazing how indulgent we are towards formulas. In none of the articles or television programmes that bring us the news of toxins in breastmilk, do they ever, in any I have read or heard, talk about toxins in formula. There are toxins in formula. Why would everything on earth be polluted, even the far reaches of the Arctic, but not formula? Formula is full of heavy metals, including lead, for example, in quantities much higher than breastmilk. And why would pesticides not be present in formula? After all, the cows do eat the grass in the countryside where the fields are sprayed. And soybeans grow there too. Interesting you never read about this in the newspapers.
BUT TOXINS ARE NOT GOOD ARE THEY?
No they are not and breastfeeding helps to diminish their bad effects.
Here are some facts:
- Toxins increase the risk of developing some cancers. True, and the evidence shows that breastfeeding babies have a lower risk of some cancers than artificially fed babies.
- Toxins may interfere with neurological function and learning abilities. True, and the evidence shows that children who were breastfed do better on neurological and intelligence tests than artificially fed children, and the longer they are breastfed, the better they do.
- Toxins may interfere with immunity. True, and the evidence shows that infants who are breastfed have better and more mature immunity than artificially fed infants, and that this better immunity carries on much longer than the length of time the infant or child is breastfed.
WHAT SHOULD YOU DO?
If you breastfeed your baby, you are doing the best for your baby, and for the world, for that matter. Breastfeeding is very environmentally friendly. Formula feeding pollutes the environment. The fact that there are pollutants in breastmilk can be likened to the situation of the canary in the coal mine. We should be worried about what we are doing to our planet, but this should not lead us to encourage mothers to feed their babies artificially.
See the video clips and other information here.
The information presented here is general and not a substitute for personalized treatment from an International Board Certified Lactation Consultant (IBCLC) or other qualified medical professionals.
This information sheet may be copied and distributed without further permission on the condition that it is not used in any context that violates the WHO International Code on the Marketing of Breastmilk Substitutes (1981) and subsequent World Health Assembly resolutions. If you don’t know what this means, please email us to ask!
©IBC, updated July 2009