Espace professionnels de santé>Sein > sein glande ou réservoir
 

 

 

 

 

 

 

 

 
(texte technique)
 
(texte grand public)
 
Le sein est une glande, et fabrique en fonction de sa stimulation
Considérer le sein comme un récipient est une erreur fondamentale
 

A une époque où la majorité des enfants reçoit des biberons de lait industriel, dont les doses de lait et le poids de l'eau sont quantifiés par nécessité chimique et alimentaire, on a tendance à considérer le sein comme un récipient dont le contenu serait pré-déterminé, qui sécrèterait un poids ou un volume de lait bien précis, qu'on connaîtrait en pesant le sein avant et après la tétée, ou plus facilement, en pesant le bébé avant et après la tétée.

C'est confondre produit naturel contre industriel.
C'est confondre Nature avec un grand "N" et essence humaine, contre laboratoire de chimie.

Les seins répondent à un mécanisme ultra-sophistiqué, leurs redémarrages en multiples occasions, le montrent; notre présence sur Terre aussi;

 
Pendant la grossesse, l'arbre mammaire évolue, se transforme.
 

Cela commence dès le moment où les petites cellules embryonnaires vont se nicher dans l'utérus (ce qui explique que certaines femmes se savent enceintes alors qu'elles n'ont pas encore de retard: leurs seins se sont déjà un peu modifiés, elles y sont sensibles).


Une autre période notable de la modification de l'arbre mammaire, c'est vers la 12e semaine; augmentation en nombre et en taille des cellules; les veines se multiplient, et la peau laisse transparaître la nouvelle vascularisation du sein; l'aréole se modifie, brunit, et s'épaissit.


La poitrine est prête à sécréter du lait (je me permettrais de vous rappeler qu'une femme enceinte voit son arbre mammaire se renouveler, tout en continuant à allaiter ses aînés, c'est ce qui s'est produit pour moi, nourrissant Alexandre et Maximilien tout en attendant mon troisième enfant).


Ce qui retient la mise en route de la sécrétion du lait, (sauf dans des cas précis où on allaite tout en étant enceinte): ce sont les hormones du placenta, qui disent au corps: écoute, non, ce n'est pas le moment de donner le lait, on te dira quand il faudra commencer, c'est à dire quand on sera nés.

Le 3e trimestre voit également les seins continuer leur modification, leur préparation à l'allaitement, dans sa vascularisation encore accrue.

A expulsion du placenta, et donc à la disparition de la progestérone placentaire qui était sécrétée par le placenta, (par les enfants), une nouvelle hormone, la prolactine, est sécrétée.
Les vaisseaux sanguins se multiplient, se dilatent, pouvant occasionner des seins plus ou moins douloureux( c'est cela qui peut provoquer une "montée de lait" douloureuse, ce n'est pas le lait, ce ne sont pas les acini qui font mal, c'est cette soudaine vascularisation accrue , durant les premiers jours post-partum qui peut être douloureuse (et un afflux d'eau).

Il faut cependant savoir une chose: quelque soit la prise de volume, les constituants du sein: canal, acini, tissu glandulaire, sont identiques chez chacune. Le tissu graisseux quant à lui, qui forme une plus ou moins large masse du sein, n'a aucune signification sur la quantité de lait qui sera sécrétée par la mère.

Le volume des seins avant, pendant la grossesse, après l'accouchement, n'a donc rien à voir avec la quantité sécrétée de lait.
Une femme aux petits seins peut sécréter bien suffisamment de lait pour des jumeaux ou des triplés; une femme aux seins forts ne sera pas considérée comme meilleure femme allaitante si elle ne suit pas les principes pour établir une bonne lactation.

Les premiers jours,

les bouleversements hormonaux sont la chute de la progestérone placentaire. Ceci induit en conséquence la sécrétion de la prolactine qui va engendrer la sécrétion du colostrum, puis du lait.
Ces bouleversements entraînent également une longue vascularisation des seins qui gonflent et dont on voit en transparence, les veines.

Cycle hormonal:

L'ordre est enfin donner de lancer la lactation, grâce à la chute de progestérone placentaire et donc sécrétion de la prolactine.
Pendant quelques jours, un liquide extra nourrissant et plein d'anticorps va s'écouler: le colostrum qui sera "remplacé" par le lait.
Le lait peut "monter" dans les trois premiers jours mais aussi le quatrième, le cinquième... c'est variable d'une femme à l'autre, le passage du colostrum au lait est automatique, ce sont les quantités synthétisées qui varient selon que les seins sont vidés beaucoup ou non, souvent ou non... par contre, une maman diabétique verra la montée laiteuse retardé de 24-48h (insuline pour gérer son sucre vs insuline nécessaire au démarrage de la lactogenèse II)
Les bébés séparément, ou simultanément, vont prendre le mamelon en bouche, c'est la tétée.

L'action mécanique de leur langue, de leurs mâchoires , va permettre un premier jet de lait "pré-tétée"; mais surtout, va lancer un message à l'hypothalamus (zone du cerveau), qui est un des centres hormonaux du cerveau. L'hypothalamus, ainsi averti que les seins sont sollicités, déclenche la sécrétion depuis l'hypophyse, de la prolactine (qui lance la sécrétion lactée) ET de l'ocytocine (qui lance le système d'éjection du lait dans le sein).

L'hypothalamus est une zone du domaine de l'inconscient. Qui régit ce que notre corps fait, sans que nous, conscients, n'ayons à en donner l'ordre consciemment. Ce domaine inconscient de la machinerie humaine se dévoile parfaitement lors des tétées où la mère s'est endormie: bébé au sein, maman dormant, et donnant la tétée nourricière en même temps. Ca ne marche qu'avec l'allaitement au sein!! pas au biberon! ce qui permet à la femme qui allaite de somnoler ou se rendormir durant la tétée, en évitant de se geler sur le carrelage de la cuisine pour réchauffer le biberon et de se tenir éveillée durant le don de biberon;;


Les deux hormones transitent de l'hypophyse aux seins via le système circulatoire. Cela explique l'allaitement simultané: un bébé à chaque sein, recevant chacun du lait, puisque les hormones transitent aux deux seins via les veines. Ceci explique également l'allaitement d'un bébé à la fois, ET un réflexe d'éjection au sein qui n'est pas tété.


Le cycle hormonal n'est pas tout, il existe des récepteurs sur le mamelon, qui font que l'approche de la bouche de Bébé lance à elle seule une première information de sécrétion lactée.

Cette période hormonale est ensuite suivie d'une action mécanique: sein demandé, sein tété, lait sécrété en quantité demandée, lait prélevé par l'enfant DONC le sein en fera à nouveau (autant au moins) la prochaine fois; la lactogenèse est hormonale et mécanique;

 

Mieux, le cerveau "mesure" le taux de FIL (feedback inhibitor of lactation) dans le lait du sein; et cela explique le tarissement de lait: si la mère saute une tétée, le lait ne va pas être éjecté, il va rester dans le sein; il va y avoir prise de mesure du taux de FIL dans le lait restant; si le taux est élevé (sein non vidé) le cerveau va comprendre qu'il a fait fabriquer trop de lait; il en conclut qu'il faudra en fabriquer moins la prochaine fois; attention donc, tétées sautées ou seins mal vidés risquent de rimer avec baisse de lait (réversible!!!)

 

Ces récepteurs ne sont pas les seuls éléments extérieurs du sein à avoir une action: il existe, mais dans un autre genre, ce qu'on appelle les tubercules de Montgomery, ce sont des glandes odoriférantes. L'humain, tout autant que l'animal, réagit aux hormones et aux odeurs , on parle beaucoup des phérormones comme messagers, messages d'un être d'une espèce à un autre être. Ces glandes sont à mon sens un des témoins du chemin que parcourront les bébés une fois sortis du corps de la mère; guidés vers le mamelon, les nouveaux-nés rampent, plus ou moins aidés par les bras maternels ou paternels, jusqu'au sein nourricier. Il faut savoir que ces glandes, ces tubercules, émettent une forte odeur, sur laquelle les bébés ne se trompent pas! C'est ici que cela se passe....

Conséquence:

Une femme peut donc sécréter autant de lait qu'il sera demandé par ses jumeaux, par ses triplés. On pourrait imaginer plus, si une certaine réalité temporelle ne s'imposait à nous, et surtout ne s'imposait à une mère de quadruplés; c'est vraiment le temps qui pourrait empêcher l'allaitement de quadruplés, car le côté quantitatif lui, ne poserait pas de problème. Il existe d'ailleurs quelques témoignages d'allaitement de quadruplés, deux enfants tétant en même temps suivis de deux enfants tétant en même temps.

 

ATTENTION MEMOIRE !

 

Il n'en demeure pas moins qu'un sein a de la mémoire cela va aussi bien dans l'action d'augmenter la sécrétion lactée, qu'en tarissement du lait !
Le déroulement de la tétée est une suite de flux; le biberon coule d'un seul coup; le sein fabrique des flux de lait, avec des temps de pause;

Si la tétée s'arrête après avoir éjecté un certain volume de lait, ce volume est quand même mémorisé et le sein aura tendance à savoir qu'il doit s'apprêter à fabriquer à peu près ce volume pour la prochaine fois.


En phase d'augmentation de la sécrétion lactée, la mère aura intérêt à faire une tétée complète et à continuer de vider le sein jusqu'à ce qu'il ne s'écoule plus de lait ET même, à continuer la stimulation "à vide" jusqu'à obtenir un flux de lait à nouveau qu'il faudra aussi prélever; ce flux de lait supplémentaire est "mémorisé" et le sein va s'attendre à une pareille demande la prochaine fois.. De stimulation supplémentaire en stimulation supplémentaire, le sein sécrète de plus en plus.


A l'inverse la mère entre en phase de tarissement de lait. Si la mère rompt la tétée trop tôt, si elle compléte avec du lait infantile, ses seins sont moins stimulés et très vite vont sécréter moins; par retour, forcément la mère va avoir l'impression de manquer de lait; si la mère stimule ses seins même à vide (surtout à vide) elle va générer un flux de lait et relancer sa sécrétion lactée; si elle compléte, elle va descendre un niveau plus bas dans la sécrétion lactée; et cela va très vite, très très vite pour ne plus sécréter de lait; mais il reste important qu'on peut reprendre un allaitement très mal parti, voire on peut reprendre un allaitement après un sevrage!

J'ai mentionné les flux - TETEE-FLUX

Les acini se gonflent de lait, entre deux tétées, l'enfant va au sein, l'éjection se fait, bébé tète, et "vide" le sein.
C'est un concert de slurp-gloups-slurp-gloup puis Bébé tète mais sans boire comme il vient de le faire; de cette tétée "à vide", il en profite pour indiquer au sein qu'il aimerait bien encore un flux, et il en précise la composition. Il tète jusqu'à l'arrivée d'un deuxième flux-Bébé tète et boit-slurp-gloups.
Une deuxième pause peut s'installer, pendant laquelle Bébé tète "à vide", et commande au sein d'éjecter ce dont il pourrait encore avoir besoin comme lait.

Ce nombre de flux, de pauses, est très particulier à chaque enfant, à chaque tétée. Ce qui fait que des mères de triplés donneront 1 tétées de 7 minutes chacune à chaque Bébé, et des mères d'un enfant donneront des tétées de 30 minutes chacune.

Ces durées n'ont aucune signification sur la capacité maternelle à satisfaire la faim des Bébes. Certains enfants se sustentent en 7 minutes et leur tétée est efficace; d'autres enfants sont au sein durant 40 minutes et n'ont pas de lait car ils tètent mal ou stimulent mal par exemple; enfin un enfant au sein, est un enfant bien; bien dans sa tête, bien dans son corps; il peut aussi souhaiter prolonger son contact avec sa mère, tout simplement! les associations savent accompagner les mamans pour faire fusionner habilement mais sans danger, deux tétées bien choisies pour mieux gérer l'allaitement si c'est nécessaire;

 

étée, il faut prendre une dernière giclée".
Alors Bébé demandait un flux, vidait le sein, puis "décrochait", me laissant la possibilité d'aller chercher son frère qui venait de se réveiller.....

 

DONC DES HORMONES MAIS AUSSI UNE ACTION INHIBITRICE CONNUE VIA LE non-PRELEVEMENT DU LAIT;

 

 
Points importants:
  • Une glande sécrète/éjecte par flux de lait, un flux ou plusieurs flux par tétée; le sein n'est pas rempli à l'avance de tout le repas, puisque c'est l'enfant qui commande ce dont il a besoin; la mère a un programme biologique, affiné en temps et en heure, par l'enfant;

  • Le sein se tète ou bien se tète et se stimule; un sein qui est vidé se re-remplira; alors qu'un sein qui n 'est pas complètement vidé en fera moins la fois suivante;

  • Un enfant qui reçoit de l'eau ou du lait artificiel tète sans stimuler la fabrication du lait; pour avoir du lait, ne donnez que le sein; le complément doit être étudié avec une ressource allaitement, privilégiant le lait de la mère, et de petit volume, si possible sans tétine;

  • Toujours aussi sophistiqué, on peut mesurer des différences d'opacités de lait d'un sein à l'autre lorsqu'on allaite des jumeaux ou deux enfants d'âges différents;
 
 

Un effet silo quand même!

 

De fait, il semblerait que la capacité à stocker du lait varie d'une femme à l'autre, mais alors, il y aura plusieurs flux de lait fabriqués au cours de la tétée.. au lieu d'apporter un grand plateau à table, vous faites plusieurs allées-venues depuis la cuisine? mais vous quittez la table repue dans les deux cas

On sait maintenant que les femmes qui ont une faible capacité de stockage peuvent parfaitement avoir assez de lait pour peu qu'elles allaitent à la demande et donc fréquemment. (Hartmann)

On sait ainsi que beaucoup se jouent dans le premier mois, déterminant en partie la capacité de stockage mammaire; certaines femmes très rares, peuvent avoir une capacité de stockage mammaire de 80% des besoins du bébé par exemple, tout comme certaines femmes peuvent avoir une capacité de 20% des besoins du bébé; ces dernières peuvent parfaitement nourrir leur bébé complètement au sein, mais absolument pas en donnant le sein toutes les quatre heures... pourquoi cet exemple?? parce qu'en France, nous sommes champions des femmes sans lait; comme le souligne la publication conjointe du Ministère de la Santé et le PNNS, les crevasses lymphangites et baisses de lait sont dues quasiment toujours, à une mauvaise conduite de l'allaitement; ce n'est pas une nouveauté; mais avant d'arriver à donner le sein "toutes les 3-4 h" avant d'arriver à donner le sein et compléter, je mange mon chapeau que les femmes en France, ne manquaient pas de lait!