Espace allaitement > Santé et allaitement > Valeur économique de l'allaitement maternel

Etude du docteur Bitoun, pédiatre; membre de la SESAM qui forme (exclusivement) des équipes de professionnels de santé : www.allaite.org

A noter que l'OMS a publié récemment une étude sur le fait qu'il FAUT que les gouvernements fassent des lois PROTEGEANT l'allaitement maternel avec derrière, la notion des économies SANTE pour les familles, pour les gouvernements (sécu) ou pour les "sécu" privées,, pour les mutuelles, par "mois d'allaitement supplémentaire" et un outil de calcul a été publié tout récemment: an online calculator to estimate the impact of changes in breastfeeding rates on population health and costs, http://online.liebertpub.com/doi/abs/10.1089/bfm.2017.0083

info ABM => Etude publiée

Ce que disait le Dr Bitoun fin des 90's se révèle nettement plus "familial" et tout aussi intéressant

Savez-vous que le non-allaitement participe TRES largement au "trou de la sécurité sociale français" et que l'allaitement maternel pourrait aider chaque pays à réduire ses coûts de santé (médicaments, médecins)

"L'abandon de l'allaitement maternel par notre Société coûte cher. Il coûte cher à l'enfant en terme de maladies et de souffrance qui, pour beaucoup, comme les maladies allergiques vont grever de façon globale son épanouissement et sa santé à long terme (1) et pas seulement dans la petite enfance" (extrait de l'étude).

La facture pour la famille(extrait de l'étude):

Lait artificiel et frais annexes

"Economie annuelle réelle par enfant allaité 5 550 - 910 = 4 640 F

II faut bien percevoir l'importance pour une famille d'un(e) employé(e) payé(e) au SMIC (4 650F net) ceci représente près de 100% de son salaire mensuel soit l'équivalent d'un treizième mois de salaire."

Soins infantiles et santé de la mère

Prévention des seules rhinopharyngites otites et diarrhées:

"L'économie globale étant de 1 260 F par enfant par an soit 1,071 milliards de francs environ pour 850 000 enfants."

"Au total, 5 348 F minimum d'économies en évitant une hospitalisation" grâce à l'allaitement maternel

 

 

Tel sont le début et un extrait de l'étude que je souhaite vous présenter dans son intégralité, avec l'aimable autorisation de son auteur, le Docteur Bitoun, pédiatre à l'hôpital Jean Verdier, à Bondy-France (93).

Le Docteur Bitoun est membre de la Société Européenne pour le Soutien à l'Allaitement Maternel (SESAM):

6 rue Jarente 75004 Paris.


Cette association s'adresse aux professionnels de santé et organise, entre autres, des formations pour les équipes de maternités, dirigées par le pédiatre Pierre Bitoun, expert consultant auprès de l'OMS/UNICEF, et inspecteur international pour l'Initiative Hôpitaux Amis des Bébés.

Parue dans les Dossiers de l'Obstétrique n°216, d'avril 1994, qui se consacrait entre autres sur Le marché du produit "substitut du lait maternel", cette étude établit sans complaisance combien une famille avec un enfant pourrait économiser en matière de panier de la ménagère (pas besoin d'acheter de lait industriel, ni de petits pots) et en matière de soins médicaux (peu de maladies donc peu de dépenses médicales) si l'enfant était allaité ne fut-ce que la première année, avec six mois de lait maternel exclusif.

Je vous laisse faire les calculs pour vos jumeaux, voire triplés qui peuvent être allaités au moins exclusivement pendant leurs six premiers mois, et en majorité pendant les mois suivants. Il suffit de multiplier la plupart des chiffres par deux, voire trois, selon votre "coefficient familial".

...

Valeur économique de l'allaitement maternel

Dr Pierre Bitoun
Service de Pédiatrie Hôpital Jean Verdier
93143 Bondy

  • 1.0 Economies pour la famille / la sécurité sociale
  • 1.1 Economies liées au coût des substituts de lait maternel
  • 1.2 Economies liées à la consommation de soins médicaux infantiles
  • 1.2.1 Prévention des rhinopharyngites otites et diarrhées (2, 3, 4)
  • 1.2 .1.1 Economies de soins médicaux externes (5)
  • 1.2 .1.2 Economies liées à la prévention des hospitalisations
  • 1.3 Economies liées à la contraception maternelle (6)
  • 1.4 Economies liées à la santé maternelle (7), (8), (9)
  • 1.4.1 Economies d'utilisation systématique du méthergin* et des ocytociques(10)
  • 1.4.2 Prévention de l'anémie maternelle
  • 2.0 Economies pour la société
  • En conclusion
  • Références


L'abandon de l'allaitement maternel par notre Société coûte cher. Il coûte cher à l'enfant en terme de maladies et de souffrance qui, pour beaucoup, comme les maladies allergiques vont grever de façon globale son épanouissement et sa santé à long terme (1) et pas seulement dans la petite enfance. Il coûte cher à la mère qui désire allaiter et échoue (comme 50% des femmes qui décident d'allaiter). Cet échec dans la première relation mère-enfant n'est pas anodin ni gratuit.

Mais ce n'est pas là notre propos ; nous voulons plutôt analyser ici les économies engendrées par le choix de l'allaitement maternel pour la famille, pour la Sécurité Sociale et pour la Société. Cet aspect économique de l'allaitement maternel n'est jamais discuté et à notre connaissance n'a fait que très rarement l'objet d'articles.

Si, comme nous allons essayer de le démontrer, cet aspect économique est loin d'être négligeable et mérite pour sûr que l'on s'y intéresse ici, en France, il revêt un caractère tout à fait vital dans les pays du tiers monde dont les économies sont fragiles et pour lesquels l'achat de lait artificiel alourdit significativement la dette extérieure déjà source de difficultés majeures et de frais d'intérêts insupportables.

1.0 Economies pour la famille/la sécurité sociale

1.1 Economies liées au coût des substituts de lait maternel

Ce chapitre ne concerne que la famille.

Coût du lait

500 x 30 =

15 L

soit 500 mesurettes de 4.3 g =

2 150 g

600 x 31 =

18,6 L

soit 620 mesurettes de 4.3 g =

2 660 g environ

700 x 30 =

21 L

soit 700 mesurettes de 4.3 g =

3 010 g

850 x 31 =

26,3 L

soit 876 mesurettes de 4.3 g =

3 767 g environ.

850 x 30 =

25,5 L

soit 850 mesurettes de 5 g =

4 250 g environ

800 x 31 =

24,8 L

soit 826 mesurettes de 5 g =

4 133 g environ

pour 6 à 12 mois :

600 x 30 =

18 L

x 6 mois =

18 000 g

Total pour 1 an = 37 970 g de poudre de lait

soit 85 boites de 450 g.

Pour un prix d'achat variant de 27 à 70 francs soit une moyenne de 45 francs le coût annuel est de 3 825 francs.

Ce calcul est très en deçà de la réalité puis qu'il est basé sur les besoins moyens du nourrisson et non pas sur les quantités réellement préparées par les parents dont l'enfant ne boit souvent que 70 à 80%.

Coût du matériel

12 biberons et tétines = 150F
stérilisateur et accessoires = 200F

Coût de l'eau
eau de boisson en bouteille 238 L à 2,5 F = 595 F
eau de lavage en moyenne 6 fois 10 L par jour = 21 900 L soit par an 2,19 m3 à 60 F = 130 F environ

Coût de l'électricité

chauffage de 6 chauffe-biberon par jour de 1 000 watts pendant 1/2 heure = 3Kw x 365 jours soit 1095 Kw à 0,6 F = 650 F

 

Coût total annuel 3 825 + 150 + 200 +595 + 130 + 650 = 5 550 F

 

Pour parler en terme d'économies pour la famille il convient de déduire le coût de l'allaitement maternel c'est à dire les 500 Kcalories supplémentaires que la mère doit consommer pour produire le lait, évaluées à 2,5 F par jour soit 910 F environ par an.

Economie annuelle réelle par enfant allaité

5 550 - 910 = 4 640 F

II faut bien percevoir l'importance pour une famille d'un(e) employé(e) payé(e) au SMIC (4 650F net) ceci représente près de 100% de son salaire mensuel soit l'équivalent d'un treizième mois de salaire.


1.2 Economies liées à la consommation de soins médicaux infantiles

1.2.1 Prévention des rhinopharyngites otites et diarrhées (2, 3, 4)

Les otites sont le premier motif de consultation de l'enfant de moins de 3 ans. Le rôle capital de l'allaitement maternel est clairement établi dans la prévention des infections respiratoires, digestives et urinaires du nourrisson.

Cette prévention est désormais nettement corrélée à l'exclusivité et à la durée de l'allaitement maternel de 0 à 6 mois. Il faut insister sur le fait que l'allaitement exclusif jusqu'à 4 à 6 mois n'est absolument pas incompatible avec le travail salarié à l'extérieur. L'expression du lait maternel est un geste simple et rapide.

En effet de nombreuses femmes le font en France comme ailleurs sans difficulté à partir du moment où elles en comprennent l'enjeu pour la santé de leur enfant et la leur, grâce à l'information fournie en prénatal par les soignants.


1.2.1.1 Economies de soins médicaux externes (5)

Si l'on considère que l'allaitement maternel peut éviter au minimum 1 otite, 1 diarrhée et 1,5 rhinopharyngites par an selon les données de la littérature, pour le coût de ces pathologies on obtient :

une otite = 240 F de frais médicaux (basé sur 2 consultations 50% de soins infantiles assurés par le généraliste à 100 F et 50% par le spécialiste à 140 F) et 120 F de frais pharmaceutiques soit 360 F et un coût comparable pour une diarrhée ou une rhinopharyngite.

L'économie globale étant de 1 260 F par enfant par an soit 1,071 milliards de francs environ pour 850 000 enfants.

L'économie annuelle potentielle pour la Sécurité Sociale de 706 millions de Francs (remboursement à 70% de frais conventionnels).

Pour la famille, économie de 378 F (30% de 1 260 F) sans tenir compte des frais médicaux non conventionnels supportés par celle-ci qui varient entre 0 et 50% selon les régions.

Il faut ajouter en moyenne au moins 3 x 2 = 6 jours d'absentéisme à 230 F (SMIC net) = 1 280 F soit au total 1 280+378 = 1 658F par an et par enfant.

Il faut insister sur le caractère très bas de ces estimations par le fait que tous les autres aspects prouvés de prévention par l'allaitement maternel exclusif pendant 4 à 6 mois, tels que méningites, allergies cutanées et respiratoires, infections urinaires n'ont pas été pris en compte, pas plus que les effets à long terme difficiles à chiffrer tel que l'asthme allergique en particulier.


1.2.1.2 Economies liées à la prévention des hospitalisations

Pour ce qui est des hospitalisations pédiatriques si l'on considère que 2 % des 850 000 enfants sont hospitalisés dans leur première année pour une durée moyenne de 7 jours pour un coût moyen de 3 000 F par jour. Et si l'on considère que l'allaitement maternel peut éviter 20% de ces hospitalisations (chiffre très bas : Lestradet cite le chiffre de 50%), l'économie engendrée pour la Sécurité Sociale sera de 21 000 F x 17 000 = 357 x 0,2 = 71,4 millions de Francs dont 80% est à la charge de la Sécurité Sociale soit 57,12 millions.

La famille, elle, économisera 21 000 x 0,2 = 4 200 F plus le coût du forfait hospitalier où 59 x 7 = 413 F plus 45 F de frais pharmaceutiques (30% de 150 F) plus 3 jours d'absentéisme minimum (3 x 230 F = 690 F pour un(e) salarié(e) au SMIC). Au total, 5 348 F minimum d'économies en évitant cette hospitalisation.


1.3 Economies liées à la contraception maternelle (6)

Il est intéressant de noter que la méthode de l'aménorrhée lactationnelle (valable pour une femme qui est aménorrhéique - pas de saignement après le 56ème jour post-partum -, qui allaite exclusivement sans compléments liquides ni solides et dont l'enfant a moins de 6 mois) peut présenter une alternative efficace (99,5% d'efficacité) et prouvée sur le plan de la contraception.

En effet au delà du simple espacement des naissances de nombreuses études ont montré les propriétés anticonceptionnelles de la lactation quand elle répond à ces 3 critères précis.

Il ne s'agit pas là de retour en arrière ni de remise en question du droit des femmes à obtenir la contraception efficace qu'elles choisissent mais plutôt de les informer de ces données nouvelles. Cette méthode est-elle acceptable chez nous? Son caractère simple et naturel, peu coûteux et sa fiabilité font qu'elle est acceptée dans de nombreux pays.

Si les femmes ou plutôt les couples choisissent cette méthode contraceptive qui évite tout bilan médical ou frais de consultation de nombreuses économies peuvent être engendrées.

Si l'on considère le coût de la contraception pour 800 000 femmes annuellement dont seules deux tiers d'entre elles utilisent la contraception (2/3 la pilule et 1/3 le stérilet) on obtient:

3 consultations à 120 F, un bilan biologique à 250 F et une prescription médicamenteuse de 50 F soit 660 F pour une femme sous pilule et 4 consultations à 120 F, 100 F de bilan biologique et 200 F de prescription soit 780F pour une femme sous stérilet. Au total, on obtient pour 350 000 femmes sous pilule une économie par famille de 200 F environ ou 235 F pour les 175 000 femmes sous stérilet.

Pour la Sécurité Sociale les 70% de remboursements afférents représentent 161,7 millions et 95,6 millions soit 257,3 millions pour une demi-année de contraception.

Enfin il faudrait que cette méthode de contraception n'interfère pas avec l'usage des préservatifs masculins recommandé pour éviter les maladies sexuellement transmissibles si la femme ou l'homme ont des partenaires multiples.


1.4 Economies liées à la santé maternelle
(7), (8), (9)

La prévention du cancer du sein par l'allaitement maternel après avoir été longtemps débattue est maintenant clairement établie pour les femmes jeunes, en préménopause. L'efficacité semble liée à la durée de l'allaitement maternel ainsi qu'au nombre d'enfants allaités. Le risque relatif de cancer du sein est de 0.83, 0.77 et 0.53 pour 3, 6 et 9 mois d'allaitement, et de 0.86 par bébé allaité. Pour 2 enfants allaités 6 mois, ceci représente un risque relatif cumulé de 0,43. Si l'on considère que 3 millions de femmes sont concernées par le cancer du sein (dont 25% frappent la femme jeune) et que l'on peut éviter plus de 50% des cancers, de grandes souffrances et aussi engendrer des économies que nous n'avons pas la prétention de vouloir chiffrer mais qui sont sûrement de l'ordre de plusieurs milliards de frais médicaux sans compter les frais d'absentéisme sur le lieu de travail. A l'inverse le risque de cancer du sein augmente avec chaque enfant nourri au lait artificiel le risque relatif étant de 1,15 par enfant non allaité et donc de 1,74 pour 3 enfants non allaités.

Sur le plan de la santé maternelle dans le post-partum immédiat un certain nombre d'autres aspects importants sont à considérer:


1.4.1Economies d'utilisation systématique du méthergin* et des ocytociques(10)

La mise au sein du nouveau-né dans les minutes qui suivent la naissance pour les femmes qui désirent allaiter est une prévention efficace des hémorragies du post-partum et favorise la délivrance placentaire par le biais de la sécrétion d'ocytocine déclenchée par la stimulation du mamelon. La systématisation de cette pratique pour les nouveaux-nés sains dans les accouchements non compliqués permettrait de réduire en grande partie l'utilisation de méthergin* systématique en suite de couche ainsi que du syntocinon*.

Si l'on estime que 50% des femmes sont concernées et que l'on évalue à 50 F le coût par femme de méthergin* et de syntocinon* l'économie potentielle d'une telle mesure est de 20 Millions de Francs pour 400 000 accouchées par an. Pour rester dans des estimations basses nous n'avons pas inclu les économies de travail infirmier.


1.4.2 Prévention de l'anémie maternelle

Mis à part les saignements du post-partum immédiat l'allaitement maternel diminue la durée des saignements du premier mois du post-partum et, de par l'aménorrhée lactationnelle, évite la perte de sang et donc la perte de fer maternel mensuelle. Un grand nombre d'anémies maternelles, de consultations, de bilans biologiques et de traitements médicamenteux et d'arrêt de travail sont ainsi évités.

Si l'on considère que 20% des accouchées sont concernées et que le coût global en est 240 F de consultations, 300 F d'analyses (x2) et 100 F de traitement on obtient un coût de 640 F soit 192 F pour la famille et 76,2 millions pour la Sécurité Sociale. Nous n'avons pas pris en compte ici le retentissement sur la diminution des arrêts maladies.


2.0 Economies pour la société

L'allaitement maternel est un "travail" de femme et comme tout travail féminin il est sous-estimé et sous-évalué. II y a peu d'études qui ont tenté de chiffrer sa valeur réelle. Ce "travail" est même dévalué :


comment peut-on encore entendre en 1994 un personnel soignant dire à une mère "sein ou biberon c'est pareil" soi-disant pour ne pas culpabiliser les mères!! Qui oserait dire à une mère qui demande une information pour prendre un exemple semblable "vacciné ou pas, c'est pareil" pour le tétanos, la polio etc..?

Comment chiffrer le bien-être d'une société liée à la bonne santé de ses enfants et de ses mères? En terme d'absentéisme au travail?

En terme de meilleure performance de travail d'une mère ou d'un père qui sait son petit en bonne santé et n'est pas distrait(e) et stressé(e) par les maladies répétées et les hospitalisations? En terme de temps gagné en déplacements médicaux et en soins ? Temps si précieux de ces parents débordés que nous connaissons bien, investi au détriment de quoi? Plus de temps pour l'enfant et pour son éveil ou pour ses frères et soeurs, plus de temps pour le couple? Nous ne tenterons pas de chiffrer ces données-là mais elles doivent aussi être prises en compte. Plusieurs études ont montré la diminution de l'absentéisme maternel pour maladie infantile par l'allaitement maternel (11).

Enfin de nombreuses données (12) existent sur l'impact macroéconomique de l'abandon de l'allaitement maternel en terme de données agricoles, forestières liées au déboisement nécessaire à la création de pâturages pour la production du lait de vache et leur impact écologique en terme d'érosion et autres. Elles sont aussi d'une importance capitale mais nous craignons de nous éloigner trop loin de notre propos qui est la santé de la mère et de l'enfant. Aussi nous vous renvoyons à ces auteurs pour de plus amples renseignements.


En conclusion

En ce qui concerne les économies pour la famille il convient d'insister sur l'importance étonnante de ces chiffres. Il semble que l'abandon de l'allaitement maternel soit un facteur important d'appauvrissement des familles en grevant leur budget de manière très significative par l'abandon d'une ressource naturelle de grande valeur. Ceci est d'autant plus important que de nombreuses études en France comme ailleurs montrent que les femmes qui allaitent se recrutent de plus en plus parmi les femmes dont le niveau d'éducation (et celui de leur compagnon) est plus élevé. Ce sont donc bien les familles qui lisent le moins, dont le niveau scolaire est le plus bas qui ne bénéficient pas de l'information sur l'avantage de l'allaitement maternel pour la santé de la mère et de l'enfant qui sont encore leurrées par le "modernisme" du biberon. Les professionnels de santé ne sont pas toujours conscients du rôle important qu'ils peuvent jouer dans la circulation et la propagation de ces informations. Le drame est que ce sont aussi les familles qui abandonnent le plus massivement l'allaitement maternel qui sont les plus frappées par la crise économique et pour qui les frais engendrés par les frais de lait artificiel, de soins médicaux et de pharmacie deviendront très vite insupportables et source de difficultés insurmontables. Sur le plan macroéconomique et celui de la Sécurité Sociale nous avons voulu montrer ici la valeur économique de l'allaitement maternel sous ses aspects majeurs de prévention en nous limitant à quelques exemples concrets, non controversés et faciles à chiffrer. Cette étude est loin d'être complète ou exhaustive.

Nous avons voulu éviter de parler des aspects de prévention en terme de mortalité infantile, difficiles à chiffrer au plan économique.

Nous ne prétendrons pas fournir ici des chiffres précis mais au moins des ordres de grandeur qui nous l'espérons entraîneront des réflexions et des prises en compte de cet aspect économique de l'allaitement maternel si longtemps passé sous silence. Toutes ces données ont déjà été prises en compte dans de nombreux pays (Suède, Philipines, Etats-Unis d'Amérique, Nouvelle Guinée...) dont les politiques de santé reflètent la priorité de l'encouragement et du soutien des mères allaitantes et qui ont intégré dans leurs projets de santé publique le caractère fondamental au plan sanitaire et économique de la lactation.

On peut se poser la question de savoir pourquoi ce sujet est si rarement abordé chez nous?

Les personnels médicaux n'aiment pas parler d'argent? Ou plutôt ne s'y sentent pas compétents en matière d'Economie de la Santé? Y aurait-il d'autres enjeux économiques, des pressions commerciales? Autant de questions auxquelles il faudra bien un jour tenter de répondre.


Remerciements : Je tiens à remercier les membres de la Société Européenne pour le Soutien de l'Allaitement Maternel : SESAM, 6 rue de Jarente 75004 PARIS pour leur soutien dans ce projet de recherche.



Références

1

Burr ML, Limb ES, McguireMJ et al. Infant feeding, wheezing and allergy.. Arch Dis Child
1993; 68:724-728

2

Cunningham A S, Jellife D B, Jellife E F P.
Breastfeeding and Health in the 1980's : a Global Epidemiologic Review. Pediatrics
1991;118 (5):659-666.

3

Ashraf RN, Jalil F, Zaman S et al.
Breastfeeding and protection against neonatal sepsis in a high risk population. Arch Dis Child
1991; 66:488-490

4

Victora CG, Smith PG, Vaughan JP et al. Infant feeding and deaths due to diarrhea. AM J Epidemiol
1991; 129(5):1032-1041

5

Duncan B, EY J, Holberg C et al. Exclusive Breast-Feeding for at Least 4 Months Protects Against Otitis Media. Pediatrics
1993;91(5):867-872.

6

Perez A, Labbok M, Queenan J. Clinical Study of the Lactationnal Amenorrhea Method for Family Planning. Lancet
1992; 339:968-970

7

United Kingdom National Case-Control Study Group: Breast Feeding and the Risk of Breast Cancer in Young Women. Brit Med J
1993;307:17-20

8

Newcomb PA, Storer BE, Longnecker MP et al. Lactation and a Reduced Risk of Premenopausal Breast Cancer. N Engl J Med
1994; 330(2):81-87

9

Kelsey JM, John EM. Lactation and the Risk of Breast Cancer. N Engl J Med 1994;330(2)136-137

10

Levine R. Guide pour l'Evaluation de la
Valeur Economique de l'Allaitement Maternel, Nurture. Academy for Educationnal Developpment
1990 Washington D.C.

11

Jones EG, Matheny RG. Relationship
Between Infant Feeding and Exclusion Rate From Childcare Because of Illness. J Am Diet
Assoc, 1993;93:809-811

12

Wellstart International. L'Allaitement au Sein et l'Environnement
1992;Washington D.C.

 


LA FACTURE

Pour la famille

Pour la Sécurité Sociale

1.1

Lait artificiel

3825F

0

Frais annexes

1725 F

0

total (coût de l'allaitement déduit 910 F)

4640F

0

1.211

Soins infantiles

1 658 F

706 Millions

1.212

Hospitalisations

5 348 F

57.1 Millions

1.3

Contraception

210 F ?

257 Millions ?

1.4

Cancer du sein ?

..?..

x ? Milliards

1.41

Methergin/Ocytociques

0 F

20 Millions

1.52

Anémie

192 F

76.2 Millions

Total (cancer du sein exclu)

12 048 F

1.116 Milliards

en pourcentage du budget annuel (salarié(e) au SMIC)

21.6 %

0.202 %

(maladie = 553 Milliards)

NB : seuls sont comptabilisés les honoraires conventionnels ce qui implique que les frais réellement déboursés par les familles peuvent être supérieurs de 20 à 50 % encore.

PARLANT, NON??? AUTANT D'ARGUMENTS POUR AIDER LES MAMANS A ALLAITER, ET LEUR EN DONNER LES MOYENS; et aussi les informer des vertus santé de l'allaitement;