Intervalle idéal entre deux grossesses
Grossesse et allaitement

Il arrive de temps à autres, qu'une maman ou une de mes patientes me parlent d'un éventuel autre enfant; il ne s'agit pas de dire "ouh là il faut attendre tant de temps au minimum", mais vous méritez d'avoir une pleine information, donc disposer d'études où l'on parle d'un intervalle minimum éventuel; n'oubliez pas de demander avis à votre gynéco, votre sage-femme, votre médecin, en leur donnant tout votre historique et votre statut alimentaire.
Etude médicale: « New England Journal of Medicine » du 25 février 1999, pp. 589 et 643
Etude médicale: « New England Journal of Medicine » du 25 février 1999, pp. 589 et 643
Entre 18 et 23 mois : l'idéal entre une naissance et la grossesse
suivante
Quel est l'intervalle optimal entre deux grossesses si l'on veut avoir
le plus de chances de donner naissance à un bébé
non prématuré, de poids et de taille normaux ? Une étude
américaine a tenté de répondre à cette question
en étudiant les certificats de naissance de plus de 173 000 bébés
nés dans l'Utah. Conclusion : l'intervalle idéal entre une
naissance et la mise en route de la grossesse suivante est de 18 à
23 mois.
L ES femmes bien alimentées qui n'allaitent pas leur bébé
peuvent avoir une ovulation dès le 27e jour qui suit l'accouchement.
En revanche, celles qui allaitent ont une reprise de l'ovulation plus
tardive, et moins de 50 % ovulent au 6e mois du post-partum.
Ainsi, une nouvelle grossesse peut survenir assez tôt après
un accouchement. Mais quel est le meilleur intervalle après l'accouchement
pour concevoir un nouvel enfant, si l'on veut mettre toutes les chances
de son côté pour avoir un bébé non prématuré,
de poids et de taille normaux ?
Zhu (Michigan Department of Community Health, Lansing) et coll. ont tenté
de répondre à cette question en étudiant les certificats
de naissance de 173 205 bébés nés de mères
multipares dans l'Utah (entre 1989 et 1996). Près de 4,3 % des
bébés avaient un faible poids de naissance, 5,7 % étaient
nés prématurément et 8,6 % étaient petits
pour leur âge gestationnel.
Les auteurs ont contrôlé seize facteurs de risque potentiellement
confondants : l'âge de la mère, un mort-né ou un avortement
lors de la grossesse la plus récente, le nombre d'enfants vivants,
le nombre d'enfants morts après la naissance, le nombre d'avortements
spontanés ou provoqués, la taille de la mère, le
poids avant la grossesse, le gain pondéral durant la grossesse,
le trimestre lors du début des soins prénatals, le nombre
de consultations prénatales, l'état marital, le niveau d'éducation,
la race ou le groupe ethnique, la résidence urbaine ou rurale,
le tabagisme durant la grossesse et l'alcool au cours de la grossesse.
Les auteurs ont trouvé que les bébés conçus
entre 18 et 23 mois après une naissance ont les plus faibles risques
de petit poids de naissance, de petite taille pour l'âge gestationnel
et de naissance prématurée. Des intervalles plus courts
et plus longs sont associés à des risques plus élevés.
Ainsi, comparés aux bébés conçus dans l'intervalle
optimal, ceux qui sont conçus moins de six mois après une
naissance ont 40 % plus de risque d'avoir un faible poids de naissance,
40 % plus de risque d'être prématurés et 30 % plus
de risque d'avoir une faible taille pour l'âge gestationnel.
Les bébés qui sont conçus plus de dix ans après
une naissance ont deux fois plus de risques d'avoir un faible poids de
naissance, 1,5 fois plus de risques d'être prématurés
et 1,8 fois plus de risque d'avoir une faible taille pour l'âge
gestationnel.
Toutes les études publiées jusqu'à présent
ont montré de façon consistante qu'un court laps de temps
entre deux grossesses est associé à un certain risque pour
le bébé, mais les résultats ont été
beaucoup plus inconsistants pour un intervalle prolongé entre deux
grossesses. L'effet néfaste d'un court laps de temps entre deux
grossesses pourrait être attribué à des déficits
nutritionnels chez la mère et au stress du post-partum.
Un éditorialiste rassurant
Le Dr Mark Klebanoff tempère ces résultats dans un éditorial
associé. Les risques associés à des intervalles extrêmes,
note-t-il, pourraient certainement avoir été réduits
après ajustement pour des facteurs supplémentaires comme
la prise en compte d'une grossesse non prévue. Des grossesses non
planifiées, explique-t-il, sont probablement plus fréquentes
à ces intervalles extrêmes et sont plus souvent associées
à divers troubles médicaux et des facteurs de stress socio-économiques
ou psychologiques, facteurs eux-mêmes associés à des
risques pour le bébé. Ainsi, conclut-il, « les femmes
qui prévoient de devenir enceintes moins de six mois ou plus de
dix ans après une grossesse peuvent être rassurées
: en l'absence d'autres facteurs, le risque a de fortes chances d'être
inférieur à celui indiqué par les résultats
de Zhu et coll. »
Dr Véronique NGUYEN
« New England Journal of Medicine » du 25 février 1999,
pp. 589 et 643